GABON, merveilleux pays, que j'ai eu la chance de pouvoir parcourir, étant moi-même pilote, ce qui m'a d'ailleurs valu une très grosse frayeur; dois-je vous la raconter? je n'y résiste pas, allez je me lance.
C'était je crois en 1982 ou 83, ça n'a pas d'importance, nous étions parti avec mon épouse et un couple
d'ami pour chasser et surtout se promener dans la réserve d'IGUELA au sud de Libreville, tenue par mon
ami GUIZARD, une figure légendaire du Gabon dont je vous parlerai peut-être plus tard.
Nous avions embarqué à bord de mon cessna 172 version STOL, le TO.(lire tango oscar)
Tout s'était bien passé à l'aller et pendant le séjour j'avais fait faire une petite ballade en avion à
mes amis puis nous avions pris le chemin du retour le lundi matin.
Il faut dire qu'à Iguela il n'y avait bien sûr aucun contact avec la météo de LBV et comme sur le site
il faisait un temps correct nous avons donc pris notre envol.
Nous étions en pleine saison des pluies donc vers le mois de mars, Avril et je savais qu'il
fallait se méfier mais....
Arrivés sur l'ogoué, travers Port-gentil, un rideau noir, infranchissable! je prends sur la gauche,
à l'ouest pour me rapprocher de Port-gentil et je me dis " je vais essayer de passer sur mer,
en longeant la côte" puis je tente de contacter Libreville mais rien.
La ligne de grain se déplaçait parallèlement à la côte et je me suis retrouvé au large, à 200 pieds
au dessus de la mer, avec des vents en rafale...
La situation devenait difficile et le carburant baissait dangereusement...
J'ai décidé de me dérouter sur POG et les ai contacté pour apprendre que la piste était fermée
pour cause de travaux ! la loi de l'emmerdement maximum!
Comme je ne pouvais rester à ras des flots, cap au nord, pratiquement travers LBV maintenant pour presque 80 nm,
je décide de monter en mettant le cap sur LBV qui me reçoit enfin et me signale que la ligne de grain vient de
passer.Je suis monté jusqu'à 7000 pieds mais j'étais toujours dans le grain et l'avion prenait des accélérations
de 1000 pieds en montée, tout réduit, puis redescendait aussi sec bien que je mette la gomme pour
remonter et j'étais totalement impuissant à faire quoique ce soit, si ce n'est garder mon horizon droit
et surtout la tête froide.
Ma femme, à l'arrière me demandait si ça allait pour le carburant et je répondais" pas de problème,
tout baigne "alors que j'étais pratiquement à zéro.
Mon ami, assis en place droite, ne disait rien mais n'en menait pas large!
Je suis sorti de cette ligne de grain pratiquement sur la pointe Denis et ai demandé une priorité pour
l'atterrissage.
Après m'être posé j'ai demandé aux femmes "Alors, vous n'avez pas eu trop peur?"
La femme de mon ami, d'origine chinoise m'a répondu " moi j'ai prié Allah, Bouddah, confucius, dieu, comme
ça je me suis dit qu'on avait peut-être une petite chance de s'en sortir!"
J'ai fait le plein après avoir déposé les dames, il me restait 10 litres y compris les fonds de réservoir!
Ce n'était vraiment pas mon jour!!
Quelques jours plus tard un autre pilote se tuait avec ses passagers vers Lambaréné, après s'être mis en vrille dans les nuages...
Cette expérience m'a vraiment marquée et j'ai par la suite été beaucoup plus prudent et ai évité les lignes de grains! Mais au Gabon, en saison des pluies, ce n'est pas si facile!
J'ai heureusement des souvenirs moins effrayants, surtout de sorties de chasse ou de visions avec
mon ami Henri GUIZARD responsable de la fabuleuse réserve d'IGUELA.
Ces souvenirs sont dus autant à ce que j'ai pu y voir qu'aux histoires merveilleuses et souvent
désopilantes de HENRI.
L'histoire du roi des pigeons ou celle de la femme qui avait dormi, tellement peu d'ailleurs, toute
la nuit les jambes écartées au maximum parce ce que Henri avait raconté que la nuit les boas
venaient et pouvait vous avaler; il n'y avait qu'une seule parade: dormir les jambes écartées!!!
Et encore cette histoire de beurre salé au lieu de crème émoliante, et encore, et encore....
D'ailleurs il a raconté tout cela dans un excellent livre présenté par Philippe de la Baleine chez Flammarion
"Les veillées de chasse d'Henri Guizard"
Je me souviens de cette remontée du rembo ishira puis rembo Ngowé, pendant près de huit jours avec Henri, et deux de ses fils,
où j'avais vu un magnifique éléphant qui nous regardait tranquillement passer de la berge, à moins de vingt mètres,
une bête qui portait des pointes d'au moins 25 à 30 kg chacune, ce qui est extraordinaire pour le gabon
qui compte surtout des "assalas" petits éléphants de forêts, très hargneux.
Uu autre souvenir me revient à l'esprit...
Je venais d'arriver au Gabon et j'avais du temps libre car j'attendais des bateaux pour créer
une société de pêche avec un ami de vingt ans qui devait soi-disant m'envoyer ces bateaux; ils ne
sont jamais arrivés!
Mais ceci est une autre histoire comme dirait Kipling !
Donc j'avais du temps libre et Henri Guizard me propose de partir avec lui pour une huitaine
dans la réserve de N'dendé dont il avait la garde à cette époque. Nous devions coucher dans
un petit campement dans la réserve. Je saute sur l'occasion car cela me permettai d'oublier un peu mes ennuis...
Nous sommes donc parti dans sa 4x4 ARO, tape-cul comme pas possible, et nous avons réussi à
atteindre N'dendé. Là, sa première femme, Antoinette l'attendait avec une de ses filles qui devait
nous rejoindre le lendemain.
Nous nous sommes installés puis nous sommes partis faire un tour dans la réserve avec l'ARO;c'est là que j'ai
pris ma première leçon de chasse au buffle...
Nous nous étions arrêtés sur un léger monticule qui nous permettait d'avoir la vue sur une grande
plaine, à droite, qui aboutissait à la forêt. En lisière de forêt, à environ deux cent mètres se tenait
un troupeau de buffles d'une vingtaine de têtes dont un qui se tenait devant le troupeau et
nous regardait.
Tout d'un coup celui qui nous regardait se met à courir vers nous sans que nous n'ayons fait
un quelconque geste menaçant et le vent n'avait pas tourné non plus...
Guizard se met à rire "le con, il va pas nous charger tout de même" dit-il.
Et si, il nous chargeait...il a bien fallu se rendre à l'évidence lorsqu'il a été à une centaine de mètres
Henri m'a dit de me préparer à le tirer s'il continuait ses "conneries".
J'ai armé ma 10,75x68 RIVAL que j'avais à cette époque et ai attendu de voir ce qu'il allait
faire. Quand il a été à une cinquantaine de mètres j'ai tiré au-dessus pour l'arrêter mais rien,
c'était un têtu et il a continué.
Guizard m'a dit alors de le descendre et je l'ai tiré par deux fois. Il est alors allé s'abattre
dans une zone ou il y avait des herbes qui le cachait et j'ai voulu partir en courant pour voir s'il
était bien mort.
"malheureux" me dit henri "dit toi qu'un buffle mort est encore plus dangereux qu'un buffle
vivant"; nous prenons l'ARO et nous dirigeons sur la zone, moi debout sur le marche-pied droit,
porte ouverte, carabine prête.
Nous arrivons prêt du buffle couché et au moment où je vais m'approcher il se relève et met un grand coup
de tête dans la calandre du 4 x 4, je tire et ma balle fait long feu, le temps que j'éjecte la balle
henri avait tiré, je lui en ai mis une deuxième et là cette fois il était bien mort.
Si je n'avais pas écouté henri c'était moi qui était mort!
Voilà ma première aventure de chasse au Gabon