VOICI QUELQUES PHOTOS DE MON PASSAGE DANS LE "TERRITOIRE DES OASIS" ENTRE 1957 ET 1958.




Le deuxième 
en partant de la gauche, le jeune et fringant navigateur, c'est moi !
L'équipage d'élite ! nous étions jeunes à l'époque...
De gauche à droite : Le s/c JAKU...
Le sergent PER...
Le Lt LEG....
Le sergent LAI....
Que sont-ils devenus ?
Peut-être certains se reconnaîtront-ils ?


Pour moi l'Armée de l'air c'est une merveilleuse aventure qui m'a permis de passer quinze très belles années de ma jeunesse car je me suis engagé en 1956, j'avais à peine vingt ans.
J'ai commencé mes premiers pas de trouffion au Bourget du Lac où il y avait le commandant Santini et l'adjudant Blanc qui venait de faire un sauvetage en hélico dont tous les journaux avaient parlé.
Alors là, attention, c'était de vrais héros et ils roulaient un peu les mécaniques...
On disait du JUNKER 52 que c'était le meilleur bimoteur de l'armée de l'air ! sur trois moteurs 
il y en avait toujours un en panne ! Moi, j'étais employé aux carnets de vol en attendant d'aller à Aulnat, près de Clermont-Ferrand, où je devrais faire ce que l'on appelait à l'époque "mes classes"; donc j'étais "payeux" terme un peu péjoratif employé par les "naviguants" pour désigner les bureaucrates.
Je n'ai passé que deux mois je crois au Bourget du lac mais c'était relaxe car les pilotes nous traitaient bien sachant que nous étions destinés à être nous aussi "naviguants", et puis étant originaire de Lyon, j'étais presque plus souvent à Lyon que sur la base!
Je suis parti ensuite à Aulnat où j'ai fait mes classes, puis le peloton de caporal puis enfin celui de sergent et cela a mis pratiquement six mois.
Je crois que cela a du se terminer vers juin 1957, date a laquelle j'ai rejoint Avord, la base qui allait nous accueillir pour le stage de neuf mois de Navigateur.

DJANET dans
 le Tassili Nous y avons été accueilli par le Directeur du stage, le capitaine Zig... un grand gars costaud avec une super grande gueule mais nous nous en apercevrons par la suite, un coeur d'or!
Cependant lorsqu'il nous a accueilli ça nous a un peu refroidi; il nous a déclaré "Je m'appelle ZIG.... mon nom commence par la dernière lettre de l'alphabet et fini par la première, ce qui ne veut pas dire que je mets les choses à l'envers. Je suis ici pour vous faire travailler et vous pour travailler, aussi je vous invite à bien me regarder avant de faire les cons car je règle mes problèmes avec mes poings et non avec mes galons... à bon entendeur salut."
Nous n'avons jamais eu de problèmes avec lui, au contraire il en a sorti plus d'un de la m...
D'ailleurs, à cette époque, la plupart des moniteurs, étaient ce qu'on appelait des "shibanis" c'est à dire des vieux de la vieille, qui avaient fait l'angleterre dans le bombardement, sur maraudeurs ou Lancaster, et qui en avait vu des vertes et des pas mûres...
D'autres part, ils étaient très forts en lecture de carte et nous apprenaient cette discipline qui était à cette époque indispensable pour un navigateur.
A ce propos, mon premier vol d'entraînement à la lecture de carte et à l'accoutumance au vol, je m'en souviens comme si c'était hier...
C'était justement avec le capitaine ZIG... comme moniteur et deux autres élèves mais je ne me souviens que de Math... car il s'est tué quelques temps avant la fin du stage dans le crash de son avion et c'était certainement celui qui aurait terminé premier de la promo.
Une partie de la promo 56E Enfin... j'étais donc dans ce DASSAULT 311 avec le nez vitré ou l'on passait chacun à son tour pour l'épreuve de lecture de carte, ensuite on allait derrière pour faire des visées avec l'astrocompas. Pour ma part j'ai commencé à l'arrière... Il faisait un beau temps avec des petits cumulus qui se développaient et il y avait beaucoup d'instabilité. Ce DASSAULT 311, a un fuselage très arrondi et n'arrête pas de rouler ce qui fait qu'au bout d'une demi-heure à faire des visées à l'arrière je n'étais pas bien du tout.
Avant le départ pour le voyage de fin de stage sur Dakar en C47 Puis je suis passé à l'avant avec ZIG qui n'arrêtait pas de poser des questions:" qu'est ce que c'est que cette voie ferrée ? et ce pont à droite où est-il sur la carte? et d'où vient le vent ? et encore, et encore..." Au bout d'un moment je suis parti en rampant pour passer derrière et je suis allé "dégu..." dans les toilettes. ZIG... sifflait et gueulait "PERR... viens ici, qu'est -ce que c'est ceci, cela " mais je m'en foutait complètement...j'ai passé le reste du vol couché à l'arrière et je n'ai plus jamais été malade en avion, même sur VAUTOUR B où pourtant je me suis fait très souvent secoué un maximum par mes pilotes...



Fin du premier épisode, la suite dans quelques jours...merci de patienter.

Coucou,me revoilà, nous sommes le 07 Juin 2000 et après un long week-end qui je l'espère a été bénéfique pour vous aussi, je reprends le cours de mes souvenirs...
Donc nous avons terminé notre stage de Navigateur par un voyage de fin de stage (VFS) sur Dakar. A l'époque ce n'était pas rien! c'était une récompense de partir en C47 autrement dit le Dakota, et je peux vous dire que nous nous tenions à carreau car la sanction suprême était de ne pas faire ce voyage. Je crois que tout le monde est parti et tout c'est bien passé.
Nous avions tous la charge de la navigation d'une partie du voyage et moi, si mes souvenirs sont exacts j'étais chargé du trajet Bamako-Dakar.
Nous naviguions au radio-compas et tracé air et également lecture de carte... et la lecture de carte dans le coin c'était pas folichon...on faisait aussi des dérives avec un espèce d'instrument appelé "dérivomètre" qui permettait de regarder le sol et de suivre un point avec un crayon tenu dans une sorte de pentagraphe qui traçait une ligne sur un écran en pexiglass.On faisait une dizaine de mesures et on pouvait ainsi lire la dérive de l'avion par rapport à son cap. Cela ne nous donnait pas le vent ni la vitesse sol mais permettait simplement de ne pas trop nous éloigner de la route à suivre.
On est bien arrivé à Dakar et pour la plupart d'entres nous ce fut une magnifique découverte et je crois que c'est là que débuta mon amour immodéré de l'Afrique...
Je fus séduit par cette foule bigarrée, sans manières, ces couleurs vives et cette convivialité sénégalaise, cette "Téranga".
Nous sommes allés pour la première fois à un bal"doudou" et vraiment que les femmes étaient belles!!
Enfin quoi, le coup de foudre...
Et puis nous sommes rentrés et avons reçu notre diplôme de Navigateur de transport et nos affectations en escadron de transport comme 2ème Navigateur.
J'ai ainsi été affecté avec un copain de ma promo à l'escadron 1/61"Touraine" basé à Orléans.
Me voici près du Nord 2501 qui équipait 
le Transport militaire (GMMTA) Nous étions maintenant dans un escadron opérationnel et ce n'était plus de la rigolade! on a été pris en main par le capitaine Tour... qui était l'adjoint au leader Navigateur le capitaine Gued... qui était quant à lui la crème des hommes. Le capitaine Tour...n'était pas un mauvais bougre mais il s'était mis dans la tête de nous traiter comme des gamins et nous étions presque des hommes...non mais!!!
Il a voulu nous en faire baver mais de notre côté on l'a bien emm...
A cette époque il y avait une très fort esprit de corps et une tradition de gros déconnages. Les plus grosses plaisanteries étaient encore célèbres et on se les racontait à l'envie...
Ainsi l'histoire du roi du Maroc qui devait se rendre en visite en france et devait visiter, je crois que c'était Tours. Une équipe de navigants décida de monter un canular en se faisant passer pour le roi du Maroc.
Il y avait un officier connu pour ses canulars, un ancien d'Angleterre avec d'autres anciens du même acabit, et qui était pied-noir donc parlait arabe. Ils se sont procurés des déguisements puis ont contacté les autorités je ne sais trop comment,je suppose avec des complicités dans certains services,et ont prévenu que le Roi arriverait à Tours avec sa suite à une heure donnée.
Ils sont donc arrivés comme prévu et là ça a été la fiesta! toutes les fantaisies possibles étaient du désir du Roi; à un moment donné il a demandé à faire un tour sur les manèges de la fête foraine et comme les autorités commencaient à avoir des doutes, le subterfuge a été découvert car le roi en montant sur les petits chevaux a retroussé sa djellaba et montré qu'il portait des pantalons réglementaires de l'armée de l'air!
Tout s'est terminé en caluchette avec un certain nombre de jours d'arrêts de rigueur...
Comme vous le voyez l'ambiance était au travail dans la joie..
Toutefois une chose était certaine si on aimait déconner on avait aussi un sens aigu du professionnalisme et nous avions régulièrement des contrôles et des examens.
Ainsi comme 2ème Navigateur nous devions être suivi par des anciens et nous ne volions pas seuls. Par ailleurs après un certain nombre d'heures de vol nous allions au CIET à Toulouse pour être confirmés dans nos fonctions.
Quoiqu'il en soit nous avons effectué les missions et après environ 500 heures nous sommes allés au CIET et là nous avons du nous taper des cours de MTO avec le fameux Monsieur MTO du CIET, le nommé BONVOISIN. C'était une figure de la base de Francazal et il était connu dans tout le Transport militaire car il arrivait à vous faire comprendre et mettre en pratique les principes fondamentaux de la circulation des masses d'air.
Nous avons ainsi tracé des cartes norvégiennes, avons sué sur l'effet de foehn, pris des migraines sur le gradient de l'adiabatique saturée.....enfin nous avons grâce à lui réussi à assimiler une technique qui n'est pas facile mais qui, pour nous, était indispensable.
Au bout de trois mois, rebelotte, vol de fin de stage puis le diplôme et la consécration avec le titre de premier navigateur confirmé en escadron.
La suite dans quelques jours....
Le B26 qui nous servait pour la formation sur radar APQ13 Bon me revoilà...nous sommes le jeudi 08 juin 2000 et je continue d'égréner mes souvenirs qui peut-être n'interessent pas grand monde! tant pis, de toutes manières c'est surtout pour moi que je le fais...
Nous sommes donc en Juillet 1958 et me revoici au 1/61 Touraine. Les missions sur l'algérie se succèdent sans problèmes particuliers jusqu'au 23 Septembre 1958 où je pars avec le capitaine Gar... pour une mission sur Sidi bel abbès. Je n'étais pas très content de voler avec ce pilote car il n'avait pas la réputation d'être bon pilote mais j'étais sergent et puis les ordres sont les ordres...
Quoiqu'il en soit la mission se déroule normalement jusqu'au retour sur le Bourget où nous laissons le co-pilote qui était un officier supérieur du ministère, ce qui fait que nous n'avons plus de pilote en place droite.
Le temps était pourri sur le trajet et particulièrement sur Orléans où il y avait un plafond de 450 pieds, à la limite des minimas autorisés avec de la pluie, enfin la totale.
A cette époque nous percions encore avec la gonio soit des relèvements transmis par la tour et effectué avec un goniomètre. Il y avait toute une procédure avec qdm de top, qdm de garde etc.... et le navigateur suivait sur sa carte pour voir si tout se passait bien. A l'arrivée sur Orléans on a donc entamé la procédure de percée gonio et j'ai suivi jusqu'au qdm de garde qui donnait l'alignement dans l'axe de la piste, le 257°. Donc le qdm de garde était bon et le pilote avait annoncé "en vue de la piste" ce qui lui permettait de descendre en dessous des minimas. J'ai replié ma carte et me suis retourné pour regarder à l'avant, et à ce moment j'ai vu une masse tremblotante juste devant nous, sur la droite.J'ai hurlé "des arbres...attention on touche!" Un énorme choc puis un deuxième choc à l'arrière au moment où le mécanicien, l'adjudant-chef Veng... a remis la gomme car il avait les mains sur les gaz avant le pilote,puis nous nous sommes trimballés, train sorti, vers 110 kts, à la limite du décrochage, en essayant de prendre de l'altitude...
Nous avons refait un tour puis nous sommes posés sans autres problèmes.
Nous avions deux énormes trous dans chaque aile avec des branchages à l'intérieur.j'ai pris ma voiture et suis tout de suite voir sur la route de Chevilly dans l'axe de la piste ce qui s'était passé.
Et là j'ai vraiment eu peur quand j'ai compris que nous n'aurions jamais du en sortir vivants....
Nous étions passés, train sorti, dans une trouée d'arbres, juste au-dessus d'une station-service, et derrière la route à moins de cent mètres se trouvait un petit immeuble de deux étages.
Nous avions ainsi coupé le sommet des arbres à droite et à gauche, et le train était passé dans la trouée. Mais après la remise de gaz nous avions du raser de quelques mètres seulement le petit immeuble.
D'ailleurs j'ai vu le pompiste qui lorsqu'il a appris que j'étais dans l'avion m'a dit : "vous avez une chance incroyable et nous aussi, car j'ai eu tellement peur que j'ai sauté par la fenêtre de mon bureau !".
En fait ce qui s'était passé c'est que le capitaine Gar...a cru voir les lumières de la baraque gonio alors qu'il s'agissait de celles de la station service. A ce moment il n'a plus respecté les minimas et est descendu en dessous et boum...
Le JU52 N°1 qui avait appartenu 
   à Hitler ! Je me considère depuis cette date comme en sursis...
Trois jours après j'étais à nouveau sur les ordres pour un petit vol sur Chateaudun, sinon je crois que je n'aurais jamais revolé...
En Janvier 1959 je partais en Algérie, pour Ouargla, territoire des oasis.
Plus tard je vous raconterai peut-être mon séjour dans les oasis puis mon retour au 2/61"Franche comté" et enfin mon passage sur Mirage IV....enfin on verra.
Bonne fin de visite...





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